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David Johnston


Lauréat du prix Horatio Alger 2018 — le 28e gouverneur général du Canada

« Si on souhaite bâtir de fortes collectivités pour renforcer le pays, on doit commencer par se soucier de son prochain et d’autrui, même si on les connaît peu. »

David Johnston, le deuxième enfant d’une famille de trois, est né en 1941, à Copper Cliff, près de Sudbury, en Ontario. C’est à cet endroit que son père, qui avait quitté l’école après sa dixième année de secondaire, gérait une petite quincaillerie. Le jeune David avait sept ans lorsque son père a pris la décision de déménager la famille à Sault Ste. Marie. Le paternel a alors emprunté de l’argent à sa belle-mère et il a ouvert se propre quincaillerie.

Le sport a joué un rôle important dans l’enfance du futur gouverneur général. « J’ai beaucoup de bons souvenirs de mon séjour dans le Nord de l’Ontario, où j’ai appris à patiner avant d’apprendre à marcher. » C’est à l’âge de neuf ans qu’il a occupé son premier emploi, celui de camelot. Il a aussi travaillé comme livreur dans une pharmacie locale et s’arrangeait pour travailler le soir et les samedis, afin de pouvoir fair du sport pendant la journée. Il faisait ses livraisons à vélo et a souvent dû pédaler en pleine tempête de neige pour terminer son itinéraire. « Ma famille était pauvre, mais je ne m’en faisais pas. Je savais seulement que je devais travailler le plus possible pour payer mes dépenses. La quincaillerie de mon père a connu des difficultés puis, après neuf ans, elle a fait faillite, éclipsée par les grandes chaînes. Pendant un certain temps, lorsque j’étais à l’école secondaire, il était sans emploi. Mais dans ma famille, on ne se laisse pas abattre par les échecs. »

Pendant sa jeunesse, sa mère travaillait de nuit comme infirmière auxiliaire pour aider à mettre du pain sur la table. Lorsque David Johnston a eu seize ans, elle a été obligée d’abandonner son emploi parce que sa vue diminuait. À 45 ans, la mère de Johnston était considérée comme aveugle. « C’était une femme vaillante et courageuse. J’admirais la façon dont elle a fait face à sa cécité. Elle a aussi eu un cancer du sein au début de la quarantaine. La peur de perdre sa mère est une force redoutable qui nous anime. Heureusement, elle a subi une intervention chirurgicale et s’est rétablie de la maladie. La religion a joué un grand rôle dans mon éducation. Je suis un croyant, et mes valeurs reposent sur la foi. Ma famille ne s’est jamais apitoyée sur son sort. Nous avons tout simplement fait de notre mieux et nous sommes passés à autre chose. »

L’éducation comptait beaucoup pour David Johnston et sa mère. Il aimait apprendre et accordait beaucoup de mérite à ses enseignants, qui l’ont aidé, comme il le reconnaît, à progresser dans la vie. « Ma mère m’a toujours dit que l’éducation ouvre des portes. Je savais qu’une solide éducation me permettrait de mener une carrière enrichissante et de m’épanouir dans la vie. » À la fin de ses études secondaires, il a travaillé pour le principal employeur de la ville, une entreprise sidérurgique. De nombreux étudiants y ont passé leurs étés et, grâce à cet emploi, il a obtenu une bourse d’études universitaires. Tout au long de ses années d’études postsecondaires, y compris en droit, il est retourné chaque été travailler pour l’entreprise sidérurgique de jour, et le soir il occupait un emploi de journaliste débutant dans une station locale de radio et de télévision.

David Johnston hésitait au départ entre le droit ou la médecine pour ses études. Cependant, au cours de sa dernière année du secondaire, il a subi une blessure au cou, qui a pincé le nerf de sa main gauche. Il était le quart-arrière partant de son équipe, et il a commencé à remarquer qu’il ne pouvait pas garder le ballon en main par temps froids. Finalement, il a perdu une partie de l’usage de sa main. Il a subi une intervention chirurgicale pour atténuer le problème, mais il savait que ses jours de footballeur — ainsi que son projet de devenir chirurgien — étaient terminés.

En 1959, David Johnston entre à Harvard, où il a obtenu une bourse d’études. Il adorait l’endroit, mais ses trois premières semaines ont été difficiles. Dans un cours d’anglais obligatoire, il devait rédiger un essai par semaine. Son premier, sur le Paradis perdu de Milton, lui a valu la note D-. « Je ne pensais pas qu’une note aussi faible était possible. À ce moment-là, je savais que je devais passer en vitesse supérieure. »

David Johnston a joué au hockey à Harvard pendant quatre ans et a été choisi pour faire partie de l’équipe All-American au cours de ses deux dernières années. Il a ensuite été nommé au Temple de la renommée de l’athlétisme de Harvard. Il a aussi connu du succès en classe, obtenant un diplôme avec grande distinction et une bourse d’études en droit à l’Université de Cambridge, en Grande-Bretagne. Deux ans plus tard, après avoir terminé sa maîtrise en droit, il est revenu au Canada, où il a obtenu un diplôme en droit canadien de l’Université Queen’s, à Kingston. Son histoire d’amour avec Harvard s’est tout de même poursuivie. En 1983, il est élu le premier non-Américain à présider le conseil d’administration de l’université.

David Johnston avait l’intention de pratiquer le droit, mais on lui a offert un poste de professeur à Queen’s. Il y a enseigné le droit pendant deux ans, puis s’est joint à la faculté de droit de l’Université de Toronto, où il a enseigné pendant six ans. En 1974, il est devenu le doyen de la faculté de droit de l’Université Western. En 1979, il a été nommé directeur et vice-chancelier de l’Université McGill. Plus tard, en 1999, il est devenu président de l’Université de Waterloo, poste qu’il a occupé pendant 11 ans. « J’adore l’étude du droit. C’était une vocation naturelle pour moi. J’ai toujours ardemment souhaité participer à l’amélioration de l’administration de la justice et mes cours tournaient toujours autour d’un thème fondamental : le droit est-il juste? »

En 2010, David Johnston a été nommé gouverneur général du Canada. À ce titre, il était le représentant de la reine Elizabeth II au Canada. Parmi ses responsabilités, il convoque et dissout le Parlement, il approuve les lois et les décrets en conseil, il s’assure que le premier ministre détient la confiance de la Chambre des communes et il protège la constitution. Il a été commandant en chef des Forces armées canadiennes, a rencontré des dignitaires d’autres pays qui ont visité le Canada et a représenté le pays lors de voyages à l’étranger. Récemment, il a déclaré : « J’aime notre pays et j’aime le sentiment de savoir que mes fonctions m’ont permis de lui apporter une contribution. Je suis d’avis que travailler dans le secteur public est une vocation honorable et un devoir sacré. Mon travail de gouverneur général m’a permis de redonner un peu au pays qui m’a tant donné. J’ai eu la chance inouïe de vivre, de travailler et d’élever une famille au Canada. »

La devise de David Johnston, à son arrivée en poste, était contemplare meliora, ce qui veut dire envisager un monde meilleur. Au cours de sa cérémonie d’installation, il a prononcé un discours intitulé Une nation avertie et bienveillante : un appel au devoir. Il y décrivait trois domaines d’intérêt pour son mandat :

  • soutenir les familles et les enfants;
  • accroître l’apprentissage et l’innovation;
  • encourager la philanthropie et le bénévolat.

Dans son discours, il a également déclaré : « Si on ne retient qu’une seule idée de mon discours d’aujourd’hui, je souhaite que ce soit : “chérir nos enseignants”. »

Voilà comment il résume ses années à la tête de l’État : « J’ai toujours pensé que le Canada était un pays particulièrement bon, mais je ne me rendais pas compte à quel point il l’était avant d’occuper ce poste et d’entrer en contact avec tant de personnes et de collectivités merveilleuses. »

Quelques jours avant qu’il ne termine son mandat, le premier ministre Justin Trudeau l’a décrit comme « un homme de force, d’intelligence et de compassion ». Il a également fait l’éloge de ses qualités d’athlète et d’universitaire et de son dévouement à l’éducation et à l’apprentissage tout au long de la vie. Le gouvernement du Canada fera un don de 3 millions de dollars à la Fondation Rideau Hall, un organisme de bienfaisance fondé par l’ancien gouverneur général, et fera aussi des dons équivalents pendant 10 ans pour un montant pouvant atteindre 7 millions de dollars. « Le but de la Fondation est de rassembler, d’unifier et de mobiliser des idées, des gens et des ressources pour faire progresser l’esprit canadien et nos aspirations communes. »

Depuis la fin de son mandat vice-royal, David Johnston s’est joint au cabinet d’experts-conseils Deloitte à titre de conseiller de haute direction, où il conseille des clients des secteurs privé et public sur l’innovation, l’inclusion, le développement des talents et le leadership, ainsi que sur le rôle de ces éléments dans la croissance économique. Il occupe également un certain nombre de postes bénévoles, dont celui de président de la Fondation Rideau Hall, l’organisme de bienfaisance qu’il a créé en 2012.

Lorsqu’il s’adresse à de jeunes adultes, David Johnston leur conseille d’être curieux et de se trouver une passion. « Apprenez à gérer votre temps et à bien travailler avec les autres. Je pense aussi que le plus tôt possible dans la vie, il faut mettre l’individualisme de côté, au profit de l’altruisme. Lorsque votre monde se tourne davantage vers les autres, la vie devient plus intéressante, moins solitaire et plus satisfaisante. »

Être au service des autres est au cœur des valeurs de l’ancien gouverneur général. Selon lui : « Si on souhaite bâtir de fortes sociétés et collectivités pour renforcer le pays, on doit commencer par se soucier de son prochain et d’autrui, même si on les connaît peu. »

David Johnston écrit des lettres depuis longtemps. Son épouse et lui ont cinq filles, et quand la première est entrée à l’université, il lui écrivait une lettre chaque matin pour rester en contact et par le fait même, lui donner un petit conseil. Lorsque toutes ses filles se sont mises à fréquenter l’école à l’extérieur, il écrivait une lettre pour les cinq et leur envoyait chaque jour. Cette pratique s’est perpétuée dans sa vie professionnelle. Parfois, il écrit des lettres pour remercier ceux qui ont fait de grandes choses, pour faire part de son admiration à ceux qui font avancer de nouvelles façons de penser ou pour encourager ceux qui entreprennent des aventures difficiles. Ces lettres ont été publiées en 2015 dans un livre intitulé Je vous écris : lettres aux Canadiens.

En tout, David Johnston a écrit 35 livres. L’un de ses plus récents titres est Ingénieux. Soucieux d’encourager la culture de l’innovation au Canada, son coauteur et lui sont allés à la recherche d’histoires d’innovation canadienne. Leur livre a été un succès, et ils ont rassemblé tellement d’histoires qu’ils ont lancé un site Web (innovativeculture.ca) pour continuer d’enrichir leur collection. Une édition pour enfants a récemment été publiée et un exemplaire a été envoyé à toutes les écoles au pays. En parallèle, des plans de cours ont été créés pour que les enseignants puissent enseigner l’innovation de la maternelle à la cinquième secondaire. « Je veux que tous les enfants du Canada soient des innovateurs, ce qui signifie simplement qu’ils doivent mieux faire les choses. »

Profondément honoré par son prix Horatio Alger, David Johnston a déclaré : « C’est une grande fierté de devenir membre de l’Association Horatio Alger, mais avec cet honneur vient la responsabilité de continuer à travailler pour aider les autres en leur apprenant à pêcher, plutôt qu’en leur donnant du poisson. »

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