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Gerald W. Schwartz


Récipiendaire du Prix Horatio Alger en 2016 — Président du conseil d’administration et président-directeur général, Onex Corporation

« Faites ce que vous aimez. Faire de l’argent ne devrait pas être l’objectif. »

Gerald « Gerry » Schwartz est né en 1941 à Winnipeg, au Manitoba. À cette époque, son père servait dans l’Aviation canadienne. Comme il était en poste au Canada, il put rentrer quelques fois à la maison pendant les années de guerre. Toutefois, son père ne revint vivre à la maison que lorsque Gerry avait quatre ans. Jusqu’à ses neuf ans, Gerry et ses parents habitèrent dans la maison de sa grand-mère maternelle. Son père était pharmacien de profession, mais il abandonna cette carrière après quelques années pour travailler avec ses trois beaux-frères dans une entreprise fondée par le grand-père de Gerry, décédé alors que ce dernier était encore tout jeune. « C’était une petite entreprise dans le domaine des pièces d’automobile, explique Gerry. Ils reconstruisaient des moteurs, faisaient de la distribution en gros et avaient aussi un magasin de détail. L’entreprise était suffisamment prospère pour soutenir mes oncles et notre famille. »

Quand on l’interroge sur son père, Gerry n’hésite pas à dire : « Il était extraordinaire. Il m’a beaucoup appris sur la vie, les gens et les affaires. C’était un bon homme d’affaires et il a éveillé mon intérêt pour l’entrepreneuriat à un très jeune âge. Il me disait de ne pas m’attendre à ce que les choses soient faciles. C’était un homme qui accordait une grande importance au travail acharné, à la discipline personnelle et à l’ambition. Nous avions une très belle relation et je l’aimais beaucoup. »

La mère de Gerry était atteinte de surdité. Elle pouvait entendre un peu à l’aide de prothèses auditives, mais Gerry croit que son handicap la rendait quelque peu distante. « C’était une personne réservée, dit Gerry. J’étais plus près de ma grand-mère et celle-ci a eu davantage d’influence sur moi. Quoi qu’il en soit, j’ai eu une enfance heureuse, notamment grâce à ma relation étroite avec mon père. »

Curieux de nature, Gerry lisait beaucoup, tout comme ses parents, d’ailleurs. Il avait aussi de nombreux amis et aimait les sports, notamment le baseball et le basketball. Dès son plus jeune âge, il sut qu’il voulait œuvrer dans le monde des affaires quand il serait grand. Il fut d’ailleurs entrepreneur à sa façon durant sa jeunesse. Il se rappelle que lors de la venue du cirque une année, il s’était déniché un boulot qui consistait à abreuver les animaux. Il avait aussi monté son propre cirque dans sa cour arrière, pour le plaisir des enfants du voisinage. Il avait posé des affiches pour annoncer son cirque et il demandait un montant minime pour assister à l’événement. À l’âge de dix ans, il commença à travailler derrière le comptoir dans le commerce de son père. Quelques années plus tard, il travaillait dans le secteur de la distribution au sein de l’entreprise. « J’aimais flâner autour du commerce, dit-il. J’aimais travailler à cet endroit. »

À l’âge de 17 ans, Gerry et un de ses amis firent l’acquisition d’une boutique de vêtements. L’ancien propriétaire étant décédé, Gerry vit une occasion à saisir. « Nous avons nettoyé la boutique, nous l’avons rebaptisé The Stag Shop et nous avons ouvert nos portes, explique-t-il. J’ai travaillé à la boutique les vendredis soirs et les fins de semaine pendant deux ans. »

L’école a toujours été facile pour Gerry. Il obtenait de bons résultats et son entourage a toujours présumé qu’il irait au collège. Durant ses études de premier cycle à l’Université du Manitoba, il habitait à la maison. À cette période, il investit dans un magasin de tapis avec un ami, utilisant les produits de sa boutique de vêtements. « Nous avions des magasins de tapis à Calgary et Edmonton. Mon ami gérait les magasins. Les magasins ne m’ont pas rapporté un sou jusqu’à ce que nous les vendions. »

Gerry n’aimait pas particulièrement ses cours de baccalauréat. Durant ces années, il s’impliquait davantage dans ses propres opérations entrepreneuriales et dans l’entreprise de son père. Après l’obtention de son diplôme, Gerry se maria, quitta le nid familial et entra à la faculté de droit de l’Université du Manitoba. Il n’avait pas l’intention d’exercer la profession d’avocat, mais il ne savait pas vers quoi se diriger dans le futur immédiat. D’emblée, il obtint d’excellents résultats dans ses cours. « La faculté de droit a été une expérience beaucoup plus intéressante que le baccalauréat, affirme-t-il. Je me suis trouvé un emploi dans un cabinet spécialisé en droit fiscal, dans lequel j’excellais. Je travaillais d’arrache-pied. »

Durant sa première année d’études à la faculté de droit, Gerry se lança dans le commerce de la monnaie en vendant des ensembles de monnaie émis par le gouvernement. Il s’en tira très bien les deux premières années et gagna quelques centaines de milliers de dollars. Le gouvernement revit toutefois sa politique relative aux ensembles de monnaie en 1964, après que Gerry eut acheté de nombreux ensembles. Le prix passa alors de 30 $ l’ensemble à moins de 3 $. « J’ai perdu pratiquement tout l’argent que j’avais fait au cours des deux années précédentes », affirme-t-il.

Le patron de Gerry au cabinet spécialisé en droit fiscal devint son mentor, lui offrant une expérience très diversifiée à laquelle n’avaient pas accès la plupart des étudiants en droit. Il gagnait alors 25 000 $ par année, comparativement à ses condisciples qui gagnaient environ 200 $ par mois dans le cadre de leurs stages. Il obtint son diplôme en droit en 1966. Il travailla ensuite comme avocat pendant deux ans, avant de quitter son emploi pour étudier à la Harvard Business School.

« J’ai adoré mes années d’études à Harvard, affirme Gerry. J’ai un profond attachement envers le Canada, mais j’ai toujours été un américanophile. J’ai adoré mes années passées aux États-Unis. J’ai énormément appris sur des choses auxquelles je n’avais jamais été exposé avant. J’ai beaucoup appris sur la finance, la psychologie sociale, le marketing. J’aimais bien mes condisciples et je tenais en haute estime mes professeurs. Ça a été l’une des plus belles expériences de ma vie. »

Une fois sa maîtrise en administration des affaires en poche, l’objectif de Gerry était de décrocher un emploi sur Wall Street. On lui fit plusieurs offres, mais lorsqu’un ancien professeur, qui était partenaire au sein d’une société de vente de biens immobiliers en Floride, lui offrit un poste avec plan d’option d’achat d’actions, il ne put refuser. « Je suis devenu cupide, explique Gerry. Mon plan était de faire de l’argent rapidement en profitant de la hausse du cours des actions de l’entreprise, mais c’était une décision stupide de ma part. Je détestais cet emploi. Je n’appréciais aucun aspect de cet emploi une fois en poste et je savais que j’avais commis une grosse erreur. »

Heureusement pour Gerry, le président d’une société de placement qui l’avait précédemment reçu en entrevue lui offrit un emploi dans la société qu’il venait tout juste d’acquérir. « Je n’ai pas hésité une seconde avant de dire oui », se souvient Gerry.

Peu de temps après, en 1971, Gerry reçut une offre de Bear Stearns. Il travailla pour la banque d’investissement jusqu’en 1977, se spécialisant dans les fusions et acquisitions. Lorsque l’occasion de devenir un associé à part entière au sein d’une nouvelle entreprise se présenta, Gerry sauta sur l’occasion. Son partenaire et lui fondèrent CanWest Capital Corporation. Gerry devint président de cette grande entreprise médiatique canadienne basée à Winnipeg.

En 1984, Gerry et son associé mirent fin à leur partenariat. Gerry conserva les actifs industriels de CanWest pour lancer sa propre entreprise, Onex. La première année, il travaillait dans des bureaux loués sans fenêtres. Mis à part lui-même, son personnel se limitait à son assistant de chez CanWest et à sa secrétaire. « C’était une période effrayante pour moi, se remémore Gerry. Je devais amasser des fonds, et je n’étais pas certain de pouvoir y arriver. Je devais trouver des entreprises à gérer, à améliorer, puis à revendre. Je suis parti de rien. »

Aujourd’hui, Onex compte parmi les entreprises d’investissement en capital les plus anciennes et les plus prospères en Amérique du Nord. L’entreprise gère plus de 22 milliards de dollars d’actifs, dont 6 milliards de dollars de ses propres capitaux. Au fil des ans, Onex a bâti plus de 85 entreprises en exploitation et a conclu des centaines d’acquisitions; sa valeur totale atteint environ 61 milliards de dollars.

« Ma secrétaire est demeurée à mes côtés pendant 24 ans et mon assistant est devenu directeur financier d’Onex, dit Gerry. Nous avons construit une entreprise formidable avec des gens extraordinaires. J’adore ce que je fais et les personnes avec qui je travaille. »

Bien que l’intégrité soit de la plus haute importance pour Gerry, il croit que le succès d’Onex s’explique en bonne partie par le fait d’avoir donné à ses employés l’occasion de croître et de se perfectionner. « J’ai été témoin de la réussite financière et personnelle de bon nombre de mes collègues à Onex, ce dont je suis très fier. Voici comment je conçois le succès : voir mes proches, y compris mes quatre enfants, bâtir leurs propres vies et faire leur place dans le monde. Lorsque mes enfants étaient jeunes, je leur répétais sans cesse de suivre leur passion. Faire de l’argent ne devrait pas être l’objectif. »

Un autre conseil que Gerry donne aux jeunes est de continuer à progresser. « Vous devez chercher des occasions d’apprendre, affirme-t-il. Lorsque j’apprends de nouvelles choses sur une entreprise ou une industrie avec laquelle je n’ai jamais fait affaire, je m’imagine de retour à la maternelle et je tente d’apprendre tout ce que je peux apprendre sur cette entreprise ou cette industrie et son fonctionnement. Cette approche m’a permis de grandir en tant que personne. »

Lorsqu’on le questionne sur son prix Horatio Alger, M. Schwartz répond : « C’est un honneur pour moi, évidemment. Je me réjouis notamment des bourses d’études Horatio Alger, puisque j’adore aider les jeunes à entreprendre des études supérieures. Si vous avez peu d’éducation, votre vie risque d’être pénible. »

En savoir plus sur Gerald W. Schwartz

Gerald Schwartz a été nommé Officier de l’Ordre du Canada en 2005 et a été intronisé au Temple de la renommée de l’entreprise canadienne en 2004. Il a reçu de nombreux prix de distinction, ainsi que plusieurs doctorats honorifiques.

M. Schwartz et sa femme, Heather Reisman, ont fait un don de 28 millions de dollars à l’Hôpital Mount Sinaï de Toronto, où M. Schwartz siège au conseil d’administration en tant que vice-président. En 2004, il a été cofondateur du Centre consultatif des relations juives et israéliennes (anciennement le Conseil canadien pour la défense et la promotion des Juifs et d’Israël). En 2005, il a créé la Fondation Heseg qui vient en aide aux soldats étrangers qui n’ont pas de famille immédiate en Israël. La Fondation Heseg a permis de payer les frais de scolarité et les frais de subsistances de plus de 1300 boursiers. Il a aussi parrainé des programmes d’échanges entre des étudiants provenant d’universités canadiennes et israéliennes. M. Schwartz soutient l’Université Saint-Francis-Xavier, en Nouvelle-Écosse, où l’école de commerce a été nommée en son honneur.

M. Schwartz et son épouse ont tous deux grandi avec la notion de tzedakah (charité), qui occupait une place centrale dans leur vie quotidienne familiale. « Mon père s’est toujours investi dans sa communauté et faisait souvent des choses pour les autres, explique-t-il. Il était généreux à la hauteur de ses moyens. Je consacre beaucoup de mon temps à la philanthropie. Je trouve que le travail que Heather et moi accomplissons avec la Fondation Heseg est extrêmement gratifiant. »

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