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Brian Mulroney


Récipiendaire du Prix Horatio Alger en 2012 — Ancien Premier ministre du Canada — Associé principal, Norton Rose Fulbright
« Nous vivons dans une ère de gratification instantanée, mais le vrai succès ne s’obtient pas du jour au lendemain. »

Brian Mulroney est né en 1939 dans la petite ville de Baie-Comeau, au Québec. Il est le troisième de six enfants et le garçon aîné de sa famille. Le premier enfant de ses parents, un fils, est mort quelques heures après sa naissance. « Je vivais avec mes parents, mes deux sœurs aînées et notre chien adoré, Waggy, dans une maison semi détachée appartenant à une usine », dit Brian. « L’autre moitié de la maison était occupée par M. et Mme Hall et leurs cinq enfants. Nous avons vécu avec eux, côte à côte, pendant près de 30 ans. La nuit, nous, les enfants, nous envoyions des messages codés les uns aux autres en tapant sur le mur commun qui séparait les maisons.

Les parents de Brian Mulroney provenaient d’une colonie irlandaise près de Québec qui avait été créée durant la famine irlandaise des années 1830. Pendant la Grande Dépression, Ben Mulroney, le père de Brian, qui avait quitté l’école après la neuvième année, est allé à Baie-Comeau pour chercher de l’emploi. Le propriétaire du Chicago Tribune, Robert « Colonel » McCormack, avait créé la ville, ainsi qu’une usine à papier, afin de fournir du papier journal pour la Tribune et le New York Daily News. « La compagnie a fourni des écoles, un hôpital et une vie stable, ce qui était irrésistible pour mon père », dit M. Mulroney. « Il a travaillé comme assistant électricien à partir de 1937 et y est demeuré jusqu’à sa mort près de 30 ans plus tard .

Baie-Comeau est une ville située à plus de 400 km de Québec, sur la rive-nord du fleuve Saint-Laurent. Lorsque Brian Mulroney y a grandi, la ville était complètement isolée et accessible seulement par voie maritime. « Les étés étaient éphémères et les hivers longs et terriblement froids », dit-il. « Je me rappelle que lorsque j’étais un garçon, je demeurais étendu au lit la nuit en écoutant les stations de radio américaines. Avec mon imagination, je projetais des images au ciel de toute cette excitation qui était disponible à l’extérieur de ma petite ville et l’avenir qui pouvait y exister. J’étais très certainement un rêveur.

Brian Mulroney admirait grandement son père. Le plus jeune de 14 enfants, Ben Mulroney a été forcé de quitter l’école lorsqu’il avait 14 ans pour chercher du travail. Il est éventuellement devenu un électricien qualifié et a pu ajouter à son revenu de l’usine ses honoraires d’une petite entreprise de contractants en électricité. « Mon père travaillait six jours par semaine dans une usine de papier chaud, incluant des journées de 16 heures le dimanche », dit Brian. « Il rentrait à la maison après une journée entière de travail, mangeait un repas rapide, puis sortait dans les froides nuits d’hiver pour réparer le brûleur à mazout de quelqu’un ou pour câbler la nouvelle maison de quelqu’un d’autre. J’ai appris de lui le sens des responsabilités, l’engagement familial et l’importance du travail acharné. Mon père disait : « Nous sommes plutôt pauvres, mais c’est vrai de tout le monde à Baie-Comeau ». Il avait raison. L’égalitarisme régnait. Tout le monde, hormis le gestionnaire de l’usine, le médecin de famille et le seul avocat de la ville, était essentiellement payé le même salaire, résidait dans des demeures quasiment identiques, et vivait des vies remarquablement semblables. Par conséquent, nous pensions tous que nous nous en sortions assez bien.

La mère de Brian Mulroney était considérée comme le centre de l’existence familiale. « Nous, les enfants, lui obéissions parce que nous l’adorions », dit-il. « Elle était gentille et douce, mais également ambitieuse pour ses enfants et aussi dédiée à l’idée de l’éducation que mon père. Nous avions de bonnes notes, avions des emplois après l’école, allions à l’église régulièrement, respections nos aînés et traitions bien nos amis, parce qu’agir autrement l’aurait énormément déçue.

Brian a eu son véritable premier emploi à l’âge de 10 ans. Il travaillait au magasin alimentaire comme assistant, lavant les fruits et les légumes et gardant le magasin approvisionné. Il y travaillait après l’école et les fins de semaines et il était heureux d’avoir cet emploi. Tous les revenus allaient directement à sa mère, qui était leur banquière centrale. Brian a décroché un second emploi, auquel il se vouait les mercredis soirs. Puisque l’usine payait ses ouvriers les jeudis, la Compagnie de la Baie d’Hudson – le seul magasin en ville – affichait ses biens le soir précédent. Le travail de Brian consistait à distribuer des circulaires à la main à chaque foyer de la ville. Il dit : « J’étais payé 4 $ par semaine et je ne comprenais pas pourquoi j’étais payé pour avoir le privilège de parler avec mes amis et mes voisins dans les rues de mon quartier en distribuant des dépliants. J’ai entamé cet emploi au cours de l’été, toutefois, alors lorsque l’hiver est arrivé, les 4 $ ne semblaient plus représenter une grosse somme. J’ai dit à mon père que j’allais abandonner. Il m’a dit fermement de ne jamais abandonner quoique ce soit de constructif dans la vie, peu importe les difficultés ou les critiques. Donc, dans un élan de génie, j’ai recruté mes sœurs aînées, Olive et Peggy, qui m’ont accompagné scrupuleusement chaque mercredi soir tout au long de cet hiver.

La première école à laquelle Brian est allé était l’Académie Ste-Amélie, une école primaire assez près de la maison pour y marcher. Il s’agissait d’une école catholique menée par des religieuses. Il est rapidement devenu un étudiant modèle poli qui servait comme enfant de chœur à l’église du quartier. Brian acceptait de façon inconditionnelle les règles, les codes de conduite et les valeurs s’ils lui procuraient l’approbation d’autrui et le faisaient avancer. « En grandissant, j’étais connu comme un bon enfant d’une bonne famille », dit-il. « Je me souviens qu’à chaque Noël, mes sœurs et moi préparions une grosse boîte de nourriture, de fruits et de sucreries, que nous traînions dans la neige pour donner aux sœurs au couvent. Mon père disait qu’elles donnaient tant et demandaient si peu, que nous devions partager tout ce que nous pouvions avoir avec elles.

Cinq ans après la naissance de Brian, sa sœur Doreen est née et a été rapidement suivie par Gary et Barbara. « Ils ont rempli notre maison de rire et de joie », dit-il. « Mais les demandes financières ont grandi. C’est alors que mon père a démarré son entreprise complémentaire et que ma mère a commencé à recevoir des pensionnaires. Nous avions quatre chambres à coucher : une pour le pensionnaire, une pour mes parents, et deux pour six enfants. Pendant quelques temps, nous avions l’impression d’être cordés comme du bois de chauffage dans ces petites chambres, mais cela en est venu à faire partie de nos vies et nous nous en sommes rapidement contentés.

À l’âge de 10 ans, Brian a été envoyé dans une école dirigée par un ordre de prêtres et de frères. Elle était également en ville et accessible à pied. Il se souvient : « Nous marchions tous les jours, pluie ou neige. J’ai continué à réussir à l’école, motivé en partie par le fait que nos notes étaient publiées de façon à ce que toute la ville les voit.

Lorsqu’il avait 14 ans, les parents de Brian ont décidé qu’il était temps de l’envoyer au Collège St-Thomas à Chatham, au Nouveau-Brunswick. Ce n’était pas une école pour les enfants privilégiés, mais le coût total pour un an était de 405 $, ce qui représentait un sacrifice pour les parents de Brian. Ils tenaient toutefois fermement à ce qu’il y aille. Il avait secrètement peur d’aller dans un pensionnat, et était initialement solitaire et ennuyeux, mais il s’est éventuellement beaucoup plu à l’école. Il a bien réussi académiquement, a remporté le prix de fin d’année en latin et a émergé comme étant le meilleur débatteur de l’école.

Brian Mulroney travaillait toujours à Baie-Comeau pendant ses congés scolaires. Il a eu des emplois comme camionneur, ouvrier et trieur postal. Son travail le plus éreintant était avec une compagnie de grains : 10 heures par jour, il pelletait des grains dans des sacs de 100 livres, les scellait et les portait sur son épaule pour aller les entreposer dans un édifice jusqu’à ce qu’ils soient envoyés outre-mer. Un jour, il a proposé à son père de s’inscrire comme apprenti à l’usine de papier pour aider la famille financièrement. Son père lui a dit : « Merci de l’offre. Nous avons besoin d’aide financière, mais la seule façon de sortir d’une ville d’usine à papier est d’entrer par une porte d’université. C’est ce que je veux que tu fasses.

En 1955, à l’âge de 16 ans, Brian Mulroney a fait son entrée à l’Université Saint-Francis-Xavier. Il s’est impliqué en politique sur le campus et a joint le Parti progressiste-conservateur. Il a aidé au congrès du leadership à Ottawa en 1956 comme jeune délégué. Alors qu’il était à Saint-Francis-Xavier, il a remporté plusieurs concours d’art oratoire et était un membre étoile de l’équipe de débat. Il est devenu Premier ministre du campus dans le cadre de la simulation parlementaire de 1958. Pour payer ses études, il demandait un prêt pour l’année à venir, puis travaillait pendant l’été pour le rembourser juste à temps pour en demander un autre pour l’année suivante.

Il a obtenu un diplôme en science politique en 1959, puis est entré à l’école de droit à l’Université Dalhousie à Halifax, avant de transférer à l’Université Laval à Québec. À cette école, M. Mulroney s’est bâti un réseau d’amis qui jouera un rôle majeur en politique canadienne au cours des années suivantes.

À l’âge de 24 ans, alors qu’il terminait l’école de droit, le père de Brian est décédé. Il a alors emménagé avec sa mère et ses deux petites sœurs à Montréal. Il a financé l’éducation universitaire de son frère et de sa sœur et a soutenu sa mère le reste de sa vie.

Après avoir gradué de l’Université Laval en 1964, il s’est joint à la firme montréalaise maintenant appelée Norton Rose Fulbright, qui était à l’époque la plus grande firme du Commonwealth britannique. M. Mulroney est devenu avocat en droit du travail, un nouveau domaine prometteur au Québec. Il a contribué à la résolution de plusieurs grèves le long du fleuve à Montréal. Il est devenu partenaire de sa firme en 1971.

Au milieu des années 1970, M. Mulroney s’est joint à la Compagnie minière IOC en tant que vice-président exécutif. Il est devenu président de la compagnie en 1977.

En 1983, Brian Mulroney est devenu chef du Parti progressiste-conservateur. Deux mois plus tard, il a fait son entrée au Parlement comme député de Central Nova, en Nouvelle-Écosse. En 1984, il a été élu 18ème Premier ministre du Canada – une position qu’il a tenue jusqu’en 1993. Suite à sa démission, M. Mulroney est retourné à la firme légale montréalaise Norton Rose Fulbright comme partenaire principal et a agi à titre de directeur au sein des conseils d’administration de compagnies internationales de premier plan.

Lorsqu’on lui demande comment il définit le succès, M. Mulroney répond : « Nous sommes rendus dans une ère de gratification instantanée, mais le vrai succès n’est pas atteint du jour au lendemain. Il s’agit de la culmination de beaucoup d’efforts et d’un dévouement à des objectifs. Je crois que les valeurs moins tape-à-l’œil de nos parents et de nos ancêtres sont les plus durables. »

M. Mulroney croit que les jeunes devraient se dévouer à obtenir une bonne éducation. « Lorsqu’ils sont à l’université, les jeunes devraient étudier aussi fort qu’ils le peuvent et obtenir la meilleure éducation possible parce que cette chance ne se représentera pas. Ils ont quatre ans sur un campus universitaire à avoir du temps illimité pour réfléchir, étudier et apprendre. S’ils se dédient à cela, ils détiendront la base pour une vie heureuse et réussie.

M. Mulroney s’est vu remettre le plus grand honneur du Canada, celui de Compagnon de l’Ordre du Canada, et a également été fait grand officier de l’Ordre national du Québec. Il a reçu des diplômes honorifiques et des prix d’universités et de gouvernements au pays comme à l’étranger.

En 2000, le département d’Études nord-américaines de l’Université McGill a déterminé que M. Mulroney détenait le meilleur bilan économique de tous les Premiers ministres depuis la Seconde Guerre mondiale.  En 2003, l’Institut de recherche en politiques publiques a placé M. Mulroney deuxième dans un classement des meilleurs Premiers ministres des 50 années précédentes. En 2006, un panel des groupes environnementaux canadiens les plus importants a déterminé que M. Mulroney était « le Premier ministre le plus vert de l’histoire ». En 2007, l’autobiographie de M. Mulroney, Mémoires, est devenu le best-seller numéro un au Canada et a été décrit par le Ottawa Citizen comme « les meilleures et les plus complètes mémoires d’un Premier ministre de l’histoire canadienne ». En 2009, un sondage mené par le journal Hill Times a désigné M. Mulroney comme l’ancien Premier ministre « le plus admiré » du Canada.

 

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