Membres

Alain Bouchard


Lauréat du prix Horatio Alger 2017 — le fondateur et président exécutif du conseil d’administration, Alimentation Couche-Tard inc.

« Si vous avez une bonne attitude, savez mettre votre ego de côté et travaillez fort dans ce que vous aimez, vous allez réussir. »

Alain Bouchard est né en 1949, à Chicoutimi, au sein d’une famille de six enfants. Ses parents étaient de fervents catholiques, comme la plupart des Québécois à l’époque. Son père était propriétaire d’une entreprise d’excavation et c’était un travailleur ambitieux et infatigable, et ce, même s’il avait quitté l’école après la troisième année. Quant à sa mère, qui a fréquenté l’école jusqu’en secondaire un, elle gérait les finances de l’entreprise.

La ville de Chicoutimi a été géographiquement isolée jusqu’aux années 1950, au moment où une route vers Québec a été construite. En profitant de cette occasion, le père d’Alain Bouchard a obtenu un contrat pour tracer des sentiers dans les forêts du Québec. « Pour faire le travail, il a acheté de l’équipement lourd neuf », se rappelle son fils. « Mais l’homme avec qui il avait une entente a fait faillite, et mon père aussi. J’avais neuf ans à l’époque, et ma mère était enceinte de son sixième enfant. À partir de ce moment, notre vie a pris un tout autre virage. »

Après avoir perdu la maison familiale, les Bouchard ont emménagé dans une maison mobile se trouvant dans une localité éloignée. « Mon père était mal préparé pour diriger une entreprise. Il n’avait personne pour le conseiller et il avait de la misère à rembourser ses dettes. C’est devenu mon plus profond désir de retrouver un jour son honneur. »

Le père d’Alain Bouchard a eu besoin de dix ans pour rembourser ses dettes. Il a occupé deux emplois de mécanicien sept jours par semaine, puis il a travaillé dans les mines, loin de chez lui, ce qui l’obligeait à s’éloigner de sa famille pendant des périodes de trois mois. Sa femme a eu de la difficulté à accepter le changement soudain et, après avoir donné naissance à son dernier enfant, elle est tombée dans une profonde dépression. Elle a finalement été placée dans un établissement psychiatrique pendant deux ans. « La fille aînée de la famille, ma sœur Christiane, qui avait douze ans à l’époque, donc seulement trois de plus que moi, a été forcée de quitter l’école pour prendre soin de la famille pendant que ma mère était à l’hôpital. Nous sommes passés du lait entier au lait en poudre, et le baloney a aussi remplacé le bœuf, le poulet et le porc. C’était une période très difficile pour nous tous. »

Parce qu’il n’y avait pas d’écoles secondaires à Chicoutimi, Alain Bouchard et son frère aîné fréquentaient un pensionnat dirigé par des prêtres et retournaient chez eux chaque été pour travailler. Après avoir obtenu son diplôme, le futur entrepreneur a travaillé au bas de l’échelle dans une usine, avant d’aider son frère à gérer une franchise de dépanneur Perrette. « Je le remplaçais au comptoir, sans salaire, quelques nuits par semaine. Je le faisais pour aider mon frère, mais j’aimais vraiment l’emploi. J’aimais les clients et j’ai découvert que j’avais un sens inné du design intérieur. Je trouvais que le magasin devrait être attrayant, propre et organisé. Donc, j’ai commencé à réorganiser les étagères. »

Un an plus tard, Alain Bouchard travaillait dans le magasin pendant que son frère était en vacances, et un superviseur de Perrette a remarqué l’attrait du lieu. Après que ce dernier ait découvert qui en était le responsable, il lui a confié le travail d’organisation des nouveaux dépanneurs Perrette. Pendant les deux années suivantes, Perrette a rapidement pris de l’expansion. Lorsqu’on trouvait un nouvel emplacement pour une franchise, on lui donnait deux semaines pour préparer l’intérieur en vue de l’ouverture. Il est par la suite devenu gérant remplaçant temporaire, puis, en 1972, il est devenu superviseur de territoire. Peu après, il est devenu directeur.

Après avoir ouvert 100 des 184 dépanneurs de la chaîne, Alain Bouchard a quitté Perrette parce qu’il trouvait que les employés n’y étaient pas bien traités. Il s’est ensuite joint à Provi-Soir, un concurrent, à titre de chef du développement, de la construction et de l’immobilier. Voulant ouvrir son propre commerce, Alain Bouchard a aussi suivi des cours en administration des affaires à HEC Montréal pendant trois ans, tout en étudiant l’anglais. Il a par la suite acheté deux franchises de Provi-Soir en utilisant ses revenus provenant de placements immobiliers privés. Enfin, avant de quitter cette chaîne, il a formé ses deux remplaçants pendant 18 mois.

Dans le but de bâtir un réseau de dépanneurs partout au Québec, Alain Bouchard recrute trois hommes d’affaires pour former l’équipe de direction qui lance Couche-Tard en 1980. Il y a occupé le poste de président-directeur général jusqu’en 2014. Sous sa direction, l’entreprise a connu une croissance constante pour devenir la principale chaîne de dépanneurs au Canada et le plus grand exploitant de dépanneurs indépendants aux États-Unis, si l’on tient compte du nombre de commerces exploités directement.

La vie d’Alain Bouchard a relativement peu changé, malgré sa richesse et son succès. Il a appris l’importance du travail acharné de son père et l’importance de la famille de sa mère. « J’ai toujours voulu être propriétaire d’une entreprise, mais pas aux dépens de ma famille. Pour connaître du succès, je crois qu’il faut d’abord que sa famille soit une réussite. »

Selon l’homme d’affaires, la vie est trop courte pour la passer à faire quelque chose qu’on n’aime pas. « Je dis aux jeunes d’aujourd’hui que s’ils n’aiment pas ce qu’ils font, ils devraient se rendre service et partir. Mais il faut aussi savoir que si on veut quitter une situation difficile, on a la capacité de le faire. C’est en grande partie une question d’attitude. Ce que je regarde quand j’embauche quelqu’un, c’est son attitude, et ce que je regarde quand je le congédie, c’est son attitude. Je suis allergique aux gros egos. Si vous avez une bonne attitude, savez mettre votre ego de côté et travaillez fort dans ce que vous aimez, vous allez réussir. »

Alain Bouchard est officier de l’Ordre national du Québec. Il a aussi a été nommé PDG exceptionnel de l’année 2012 et désigné Grand bâtisseur de l’économie du Québec par l’Institut sur la gouvernance, en plus d’avoir reçu le prix du fondateur T. Patrick Boyle de l’Institut Fraser et d’avoir été intronisé au Temple de la renommée de l’entreprise canadienne.

En 2002, il a chapeauté et financé un projet de logements subventionnés pour les personnes ayant des difficultés intellectuelles et besoin d’une certaine supervision. Il a aussi financé des recherches révolutionnaires sur les déficiences intellectuelles à l’Université McGill. Lui et son épouse, Sandra, sont particulièrement proches de cette cause parce que leur fils est atteint de paralysie cérébrale. « Il m’a gardé sur le plancher des vaches toute ma vie. Il travaille un jour par semaine dans notre salle de courrier et vit dans un foyer de groupe. Jonathan m’a appris à écouter et à porter attention à ceux qui me parlent, peu importe de qui il s’agit, et peu importe leur statut social. Tout cela a fait de moi une meilleure personne. »

La Fondation Sandra et Alain Bouchard se consacre à aider les personnes aux prises avec des difficultés intellectuelles, ainsi qu’à promouvoir les arts et la culture. Elle a également financé le pavillon Pierre Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec, à Québec.

Trouver un Membre